En 1986, j’ai pris la relève du maitre sculpteur Alphonse Paré, ses œuvres et son atelier. Je me suis dédiée à préserver ce patrimoine artistique d’envergure et à le mettre en valeur. L’Atelier Paré a adhéré au Réseau des Économusées préservant un savoir-faire traditionnel qu’est la sculpture sur bois et l’associant à l’art oratoire de conteur de légendes.

Baignant dans l’odeur du bois, j’ai développé au fil des années le goût de défier, avec des gouges et des couteaux, les obstacles de la sculpture sur bois. Suivant l’influence du maitre, j’ai aussi adopté la vision fantasme et intuitive de la peinture sur la sculpture en bois. Cette façon de faire intensifie la découverte du sujet ou du thème sur les matériaux de base. Elle amplifie l’histoire qui veut se faire découvrir et non seulement arrêter le regard sur la matière première.

Une grande partie de mes créations sont liées aux légendes québécoises ; à ces histoires de personnages qui ont peuplé l’imaginaire de nos ancêtres. Ces œuvres sont imaginées, conçues dans une interprétation, un contexte, une situation ou un décor naïf – ce qui ajoute une impression ou un questionnement sur la véracité du fait… doit-on croire l’histoire que nous révèle le tableau ?

Présentement, je travaille sur une série dédiée aux femmes pour toutes sortes de réflexion. Ces tableaux sculptés et peints sont d’une apparence qui dépeint la réalité. Dans un monde contemporain, il m’est subjectif de sculpter des portraits de femmes figeant leur regard et leur attitude, mais cherchant à susciter une grande réflexion sur des sujets sensibles reliés à la Femme. Je veux que l’on voit et réfléchisse au-delà du message porté par l’œuvre… que cherchent-elles à nous livrer ? Dans leur silence, leur rigidité, leur sévérité, elles nous crient leur lutte, leur défi, leur succès, elles nous parlent et nous inspirent à continuer nos combats pour l’égalité ; sujet qui m’est chère et qui façonne mon approche artistique.

Notamment, je sculpte et peins de petits objets souvenirs de la boutique de l’Atelier Paré.

Gagner sa vie demande non seulement de créer des œuvres exceptionnelles mais de rendre accessible son art au grand public. Il faut humblement apprécier tout le travail de l’artiste dans sa diversité et sa dualité avec l’artisan. Les deux ne font souvent qu’un.